Les douaniers me posent ensuite une série de questions, toutes plus indiscrètes que les autres... sur ma famille, mon activité, mes voyages... une enquête en quelque sorte !.. je croyais pourtant que j'en étais sorti... Et ils gardent mon passeport jusqu'au moment où je quitterai Gander.
Rendez vous demain matin 9h00 avec les douaniers ... malgré un vol prévu à 14h20. Étrange ...
Je rentre à l'hôtel en passant par le magasin de souvenirs de mon gardien de cellule, pour prendre les cadeaux gravés sur bois et sur verre. Et je suis si heureux d'imaginer que dans 2 jours je retrouverai les miens et mes amis... Quel bonheur ! rien que d'y penser !
Rentré dans ma chambre, je recois un coup de fil d'une journaliste de la TV canadienne CBC qui souhaite m'interviewer avant mon départ. Seule, accompagnée de sa caméra, je la recois dans ma chambre pour raconter mon aventure et témoigner de la réaction démesurée à mon égard. Elle prend des risques: seule face à un "dangereux" personnage comme moi !! L'interview dure une vingtaine de minutes.
Et ensuite dodo! Nuit confortable avec des rêves bizarres d'emprisonnement et des couloirs sans fin (... ça me travaille pas mal cette histoire !)
Le lendemain matin, je me présente comme convenu au bureau des douanes et là, secousse mentale (encore)! Très stoïquement, ils m'annoncent que la compagnie aérienne nationale (Air Canada) ne m'autorise pas à prendre ses avions pour des raisons de sécurité. Et voila, ça y est, je suis dans la boite ... avec l'étiquette "personnage dangereux" ! Donc pas de prise de risques pour la compagnie... Et je fais comment pour sortir d'ici ?!...Ce sentiment d'être prisonnier me parcourt encore l'esprit... ils ont juste élargi un peu les murs !! Mais je veux simplement rentrer chez moi...
Je comprends alors que je ne pourrai pas organiser mon voyage de retour sans l'implication des autorités canadiennes et la compagnie aérienne AA. Toujours sans passeport, je retourne à l'hôtel où la receptioniste s'interroge sur l'objet de mon retour. Mais une employée, compatissante, me demande si je me porte bien car elle avait entendu le matin même à la radio mon histoire... Quelle histoire invraisembable !
En fin d'après midi, je recois un appel d'un representant de la compagnie, Mike, qui m'annonce la fin de mes ennuis ! Ouf ! Il me propose une rencontre à mon hotel ce soir même. Banco ! Espoir d'une porte de sortie... Hi Mike ! nous nous dirigeons vers l'ordinateur de la reception où il verifie le nouveau plan de vols : Gander, Halifax, New York, Paris. Départ demain vendredi, nuit à Halifax, transit à NYC toute la journée (n'y aurait-il pas un vol plus tot pour Paris ?... j'aurai la réponse à cette question plus tard !), et arrivée à Paris CDG dimanche matin... Bon, là encore : pas le choix ! Je lui demande si je n'aurais pas de soucis pour passer la douane US, et il me repond d'un air détaché : "Si tu as des problemes, appelle moi, je te laisse mon portable!" A moitié rassuré, je prend congé de Mike et après un frugal diner, monte me coucher... avec l'espoir de sortir bientôt de ce cauchemar...