mardi 8 septembre 2009

Je veux rentrer chez moi !

Je me retrouve donc dans les bureaux de la douane à l'aéroport de Gander, pour répondre aux questions des deux officiers. Juste avant l'entretien, je leur demande poliment si je peux appeler une agence de voyage avant l'heure de fermeture imminente, afin de préparer mon voyage de retour. Ils m'accordent royalement cette faveur et mettent à ma disposition un poste téléphonique. Avec l'aide de la voyagiste, j'organise donc mon vol de retour (plusieurs étapes) : Gander, Halifax, Montréal, Paris. Départ demain jeudi 20 aout 14:20 et arrivée prévue à Paris vendredi 21 au matin. Parfait !... hormis un petit détail : presque 2000$ CAN pour cet aller simple !! ... le double de l'aller et retour Paris San Francisco ! Ça tape fort ! mais je n'ai pas vraiment le choix, je souhaite rentrer au plus vite à la maison. Si je savais !...
Les douaniers me posent ensuite une série de questions, toutes plus indiscrètes que les autres... sur ma famille, mon activité, mes voyages... une enquête en quelque sorte !.. je croyais pourtant que j'en étais sorti... Et ils gardent mon passeport jusqu'au moment où je quitterai Gander.
Rendez vous demain matin 9h00 avec les douaniers ... malgré un vol prévu à 14h20. Étrange ...

Je rentre à l'hôtel en passant par le magasin de souvenirs de mon gardien de cellule, pour prendre les cadeaux gravés sur bois et sur verre. Et je suis si heureux d'imaginer que dans 2 jours je retrouverai les miens et mes amis... Quel bonheur ! rien que d'y penser !
Rentré dans ma chambre, je recois un coup de fil d'une journaliste de la TV canadienne CBC qui souhaite m'interviewer avant mon départ. Seule, accompagnée de sa caméra, je la recois dans ma chambre pour raconter mon aventure et témoigner de la réaction démesurée à mon égard. Elle prend des risques: seule face à un "dangereux" personnage comme moi !! L'interview dure une vingtaine de minutes.
Et ensuite dodo! Nuit confortable avec des rêves bizarres d'emprisonnement et des couloirs sans fin (... ça me travaille pas mal cette histoire !)

Le lendemain matin, je me présente comme convenu au bureau des douanes et là, secousse mentale (encore)! Très stoïquement, ils m'annoncent que la compagnie aérienne nationale (Air Canada) ne m'autorise pas à prendre ses avions pour des raisons de sécurité. Et voila, ça y est, je suis dans la boite ... avec l'étiquette "personnage dangereux" ! Donc pas de prise de risques pour la compagnie... Et je fais comment pour sortir d'ici ?!...Ce sentiment d'être prisonnier me parcourt encore l'esprit... ils ont juste élargi un peu les murs !! Mais je veux simplement rentrer chez moi...
Je comprends alors que je ne pourrai pas organiser mon voyage de retour sans l'implication des autorités canadiennes et la compagnie aérienne AA. Toujours sans passeport, je retourne à l'hôtel où la receptioniste s'interroge sur l'objet de mon retour. Mais une employée, compatissante, me demande si je me porte bien car elle avait entendu le matin même à la radio mon histoire... Quelle histoire invraisembable !

Après avoir passé de nombreux coups de fil pour avertir mes proches de l'annulation de mon planning de vols, je rappelle le bureau des douanes pour avoir des nouvelles. No news :-( Attendre, encore attendre... mais combien de temps ?... Si je dois tirer quelque chose de positif de cette malheureuse expérience, c'est la patience ! Je n'arrête pas d'attendre... J'en profite pour faire quelques pas le long de cet ancien fjord qu'est devenu le lac Gander. Endroit magnifique... Ca detend... Enfin (dans mon cas) presque !

En fin d'après midi, je recois un appel d'un representant de la compagnie, Mike, qui m'annonce la fin de mes ennuis ! Ouf ! Il me propose une rencontre à mon hotel ce soir même. Banco ! Espoir d'une porte de sortie... Hi Mike ! nous nous dirigeons vers l'ordinateur de la reception où il verifie le nouveau plan de vols : Gander, Halifax, New York, Paris. Départ demain vendredi, nuit à Halifax, transit à NYC toute la journée (n'y aurait-il pas un vol plus tot pour Paris ?... j'aurai la réponse à cette question plus tard !), et arrivée à Paris CDG dimanche matin... Bon, là encore : pas le choix ! Je lui demande si je n'aurais pas de soucis pour passer la douane US, et il me repond d'un air détaché : "Si tu as des problemes, appelle moi, je te laisse mon portable!" A moitié rassuré, je prend congé de Mike et après un frugal diner, monte me coucher... avec l'espoir de sortir bientôt de ce cauchemar...