Debout à 3h30 pour me présenter un peu avant 4h30 au comptoir d'embarquement d'American Airlines à l'aéroport d'Halifax. Ce matin, c'est le départ pour les Etats Unis et les formalités de douane se font à l'aéroport, sur le territoire canadien. Lorsque je me présente à l'hôtesse pour enregistrer mes bagages, elle me précise que je devrais attendre mon "escorteur", Bob, avant d'effectuer mes formalités. Muni de mes cartes d'accès à bord (tout d'abord pour New York JFK et ensuite pour Paris CDG), je fais passer ma valise au contrôle de sécurité. Tout va bien... pour l'instant ! Je m'assois donc à l'entrée du couloir des embarquements pour attendre Bob. 5h00 : toujours personne... 5h15 : Bob aurait-il eu un empêchement de dernière minute ?... Ça serait dommage de s'arrêter là ! En si bonne voie !... 5h30: un homme d'une soixantaine d'année s'approche de moi accompagné de l'hôtesse. Ouf, c'est bien Bob ! Nous faisons rapidement connaissance et nous nous dirigeons vers la vérification des bagages de cabine. En passant sous le portique, Bob déclenche le signal et fait l'objet de fouille plus rapprochée, il a du garder quelques objets métalliques dans sa poche! Ça me rassure d'autant car je passe à mon tour mais sans encombre. Clin d'oeil ;-)
Et nous arrivons au contrôle des passeports. Alors là, on change de registre ! Visiblement on était attendu. Après une rapide vérification de l'identité de Bob, le douanier prend mon passeport et me demande de poser ma main sur une machine à empreintes digitales. Ça y est, je suis de nouveau dans la boite... peut être pas la même! (voir épisodes précédents). Il nous invite ensuite à le suivre dans des bureaux où je dois décliner mon identité complète, me plier encore une fois à la prise d'empreintes digitales et de fond de l'oeil, payer une amende (encore une !) de 65$US (à quel titre ?) et subir une fouille de mon bagage de cabine (jusqu'à la photocopie de documents personnels et au visionnage des photos de mon appareil - quelle indiscrétion !). Cela prend du temps et il est déjà 6h30, heure théorique du départ. Pourvu que notre avion ne parte pas sans nous !... Stress garanti ! Après les dernières questions, un douanier nous emmène au pas de course à la porte d'embarquement de l'avion, il est 6h45 et nous nous asseyons à notre place les derniers. Quelques instants après, l'avion décolle enfin avec 20 minutes de retard sur l'horaire. Pas besoin de vous faire un dessin, mais le vol s'est passé sans histoire (c'est bon, je suis vacciné... pour la vie !). Bob m'explique que je devrais répondre a quelques questions d'agents de sécurité d'AA et que je passerai probablement ma longue escale (12h00) à New York dans un salon de la compagnie. Je le remercie par avance de cette attention car je pourrai ainsi me reposer dans un cadre plutôt sympa.
Arrivée à l'aéroport JFK, 7h30 du matin heure locale (1 heure de décalage avec Halifax). A la sortie de l'appareil, deux agents en civil de la compagnie me proposent de les suivre pour répondre à leurs questions. Là, je m'y attendais... Par contre, quelques mètres plus loin, à peine sorti du couloir amovible, deux douaniers en arme, me suggèrent de mettre les mains sur le mur et me fouillent au corps pour vérifier si je ne porte pas une arme (ben voyons !). Interloqué, je regarde Bob et ses compères et je crois comprendre que la situation leur échappe. La reposante escale se transforme en continuité du cauchemar vécu quelques jours plus tôt. Pour couronner le tout, les douaniers me demandent d'enlever ma veste et de mettre les mains dans le dos afin de me passer les menottes. Et ça recommence ! mais pourquoi donc me traitent-ils comme un criminel ! c'est de l'acharnement !... Il est évident que dans ce type de situation, il vaut mieux exécuter ce qu'on vous demande plutôt que de chercher à discuter... Sous le choc, menotté mains dans le dos, je suis emmené, encadré par ces deux gaillards armés, jusqu'au quartier général des douanes de l'aéroport. Ce parcours me parait interminable, quel supplice! Je croise de nombreux regards interrogateurs, voire culpabilisateurs, de voyageurs marchant dans les couloirs. Je ne me sens pas bien...
Nous arrivons enfin au poste principal de douanes et je suis directement emmené en cellule où il est prévu que j'y passe la durée de l'escale (il est presque 8h00 et mon vol pour Paris est à 17h45). Ils m'enlèvent les menottes qui commençaient à me faire mal aux poignets. J'ôte ma montre et ma ceinture et leur donne toutes mes affaires. Je patiente quelques instants et un douanier me demande de le suivre dans un bureau pour un interrogatoire par un federal marshall de l'aéroport et un agent de sécurité, tout deux en civil. Je leur raconte donc mon histoire et ils décident finalement de me faire patienter dans une grande salle. Ils me rendent mes affaires ainsi que mon sac de cabine et je comprend qu'ils ont saisi le personnage que je suis : un ingénieur qui a fait une petite boulette avec de grosses conséquences.
Dans la matinée, je reconnais à l'entrée de cette grande salle les deux agents de la compagnie qui m'attendaient à la sortie de l'avion. Rebelotte pour un interrogatoire. Mais celui là, il était prévu... Nous nous dirigeons alors vers un petit local meublé de quatre fauteuils confortables et d'un table basse. En présence d'un douanier et de ces deux agents, je recommence mon histoire et, à leur demande, je fais un témoignage écrit de ma version des faits. J'insiste effectivement sur le manque de communication avec l'équipage et qu'à aucun moment je n'ai été averti du risque de dérouter le vol à cause de moi sur Terre Neuve.
L'interview terminée, je me retrouve donc seul dans ce petit local où est disposé des jeux pour enfants (salle d'attente pour les familles). De temps en temps, un douanier vient me voir pour me demander si je n'ai besoin de rien, pour m'apporter à manger, ou de la lecture... Aux petits soins, quoi ! L'atmosphère se decontractant, je me risque à lui demander une faveur : "SVP M. le douanier, pourriez vous ne pas me mettre les menottes lorsque vous me raccompagnerez à l'avion". "Bien sur" répond-il d'un ton souverain. Ouf, c'est toujours une humiliation de moins en perspective. Je lui fais aussi la requête de téléphoner à ma famille pour confirmer mon arrivée demain matin à Paris et que tout se passe (... a peu près) bien ici ! Acceptée ! Serait-ce la chance qui me rattrape... J'en aurais bien besoin.
Vers 17h00, le douanier et 3 autres personnes m'escortent jusqu'à la porte d'embarquement de l'avion pour Paris. Accompagné jusqu'à mon siège dans l'appareil, je m'installe en prenant soin d'éloigner tout appareil électronique. L'avion décolle et je commence alors à envisager la liberté.
Reste l'arrivée à Paris CDG... mais on verra ça demain...
lundi 14 septembre 2009
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