Dimanche ! Après cette première nuit passée à essayer de dormir, la bouche pâteuse, je jette un œil aux petits carreaux opaques qui s'illuminent progressivement à la lumière du jour. Je crois bien que c'est la pire nuit de ma vie. Inconfortable (le mot est faible!), bruyante (les gardiens ont discutés une bonne partie de la nuit), fraiche (la ventilation fonctionne mais pas de régulation de température, brrrr!)...enfin le pied !
Un frugal breakfast m'est servi par la trappe inférieure de la porte blindée (waoh ! quelle ambiance), dans une infâme boite en polyester style fast food: bacon et œufs avec un max de "potatoes". C'est marrant j'ai pas très faim.! Ah si, le jus d'orange, bien !
Dans la matinée, un policier me demande de le suivre dans la petite pièce au telephone pour une discussion avec une avocate, Michele, qui m'avertit qu'une conference telephonique aura lieu ce matin avec le juge en charge de mon dossier. En effet, quelques instants plus tard, le juge l'avocate, le policier et moi sommes reunis en téléconference et j'ecoute sagement (dans ces cas là, j'evite de faire le zouave!) les charges qui pèsent contre moi. Seul le juge cause dans le poste. En plus de la charge "d'espiéglerie" initiale, il rajoute deux charges (vas y, j'ai le dos large !) : le fait d'avoir utiliser un PC avec du GPS (les deux n'etaient pas du tout liés) et une autre charge que je n'ai pas vraiment saisie sur le coup (autre "diablerie" du meme genre). Il precise aussi qu'une audience au tribunal est prévue pour demain lundi matin pour confirmer ces charges. Et voila... le coup de fil a duré 5 minutes et j'en déduis que je resterai au moins une journée de plus dans cette galère. Donc "Wait and See" !.. enfin plutot "Wait" pour moi ...
Le policier m'emmène ensuite dans un autre local pour passer aux formalités un peu plus détaillées.
Tout d'abord, empreintes digitales : il m'offre l'occasion d'exprimer mon talent d'artiste en me recouvrant les deux mains d'encre noires, après m'être soigneusement nettoyé au cas où quelques graisses et poussières faussent le résultat des courses. Guidé par une main policière, j'applique l'empreinte de chaque doigt, de la main, de la tranche (gauche et droite) sur des formulaires administratifs... Ça n'en finit pas !
Ensuite, empreinte fond de l'oeil : rapide, un objectif : clic clac ! ca y est, c'est dans la boite...
Puis, scéance photo (une seule) : je me place derriére un petit panneau sur lequel doit etre mentionné mon nom (je ne lis pas meme ce qui y est inscrit, car je suis fatigué de ce tout ce cirque...): reclic reclac !
Et maintenant on passe au questionnaire, pas sur ce qui s'est passé dans l'avion (il en a visiblement rien a faire...), mais sur mon état civil et mes signes particuliers. Justement, le policier me demande si je n'ai pas un tatouage, ou autre signe distinctif de ce genre. Je lui repond courtoisement que j'avais passé l'age de ce type de décoration et que c'etait plutôt reservé aux jeunes. "Mais ne croyez pas ca, mon cher Môssieur" me répond il en soulevant la manche de sa chemise grise, exhibant ainsi un joli tatouage representant un soleil inca (... ou azteque, enfin j'sais plus). "Mon preado de fils me demande meme d'en avoir un et je lui ai dit qu'il verrait ca plus tard" poursuit-il fier de son oeuvre... Ah là ! je sens que le dialogue s'etablit et la communication s'assouplit nettement...la glace fond (je t'avouerai que je ne dois pas être très chaud non plus!), il se lache un peu, Jeff (oui, il s'appelle Jeff, je l'ai lu sur son uniforme... petite étiquette sur la poitrine comme les caissières des grands magasins... c'est pour l'accueil !)... mais il est temps de retourné en cellule... back to cell !
En y retournant, j'apercois ma valise près de la porte blindée et cela me rassure... Dans la nuit, je m'étais fais un film en imaginant ma valise débarquant sans son propriétaire à San Francisco, considérée comme bagage suspect (j'avais omis l'étiquette avec mes coordonnées) donc détruite par les services des douanes et du déminage. Bon, c'est toujours ca de recuperé... Y a t il tout dedans ?... je verrais ca après...
Un brossage de dents plus tard (brosse et echantillon de pâte dentifrice aimablement prêtés par l'établissement !), je me retrouve assis sur ce fin matelas plastifié et je dois m'armer de patience pour supporter le temps qui passe. Penser, c'est la seule chose qui m'occupe l'esprit...Pas de repere dans le temps (ah si : jour, nuit... merci les petits carreaux opaques !), pas de retour d'image (pas de mirroir), pas de possibilité d'ecrire, personne à qui parler (les gardiens, les autres detenus ?.. mais je les comprend a peine - il faut dire que l'accent de Terre Neuve et particulièrement de Gander, ca craint ! - par la suite, une canadienne anglophone de Toronto m'a meme dit qu'elle ne comprenait pas non plus - ca rassure !), pas de lecture (en tout cas, pas envie de lire "Salvation" !). J'essaie de dormir, difficile avec tous ces bruits (gardiens, messages radios, portes qui claquent...), je n'y arrive pas vraiment...
Sans trop d'espoir, je demande au policier qui passe devant ma cellule si je peux appeler ma famille et mes amis. Réaction inespérée (... parce que c'est dimanche, peut etre ?!), il m'accorde quelques minutes de telephone avec les miens. Un bol d'air, du bonheur brut, de l'emotion, en tout cas, une remontée de moral, meme si ça ne change rien à mon statut d'enfermé...
Mais j'espere que demain, je sortirais apres le passage au tribunal. Ils ont bien compris que je n'etais pas un dangereux personnage.
Et voila une autre journée passée en taule... Un dimanche au trou :-(
samedi 5 septembre 2009
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